Les filles ont été célébrées mercredi 11 octobre 2023, de par le monde. Dans un entretien accordé à Gapola à l’occasion de cette Journée Internationale de la Fille (JIF), Adjovi Lolonyo Apédoh-Anakoma est revenue sur l’importance de la JIF et les engagements du gouvernement en faveur de la fille au Togo. Lisez plutôt!
Gapola : Madame la ministre, le monde entier célèbre le 11 octobre, il s’agit de quoi concrètement ?
Mme Apédooh-Anakoma : Le 11 octobre est la Journée Internationale de la Fille instituée par l’Assemblée Générale des Nations Unies, au cours de sa 89ème séance plénière du 19 décembre 2011, par la résolution 66/170.
L’objectif poursuivi par cette décision est de mettre fin à la double discrimination dont sont victimes les filles du fait de leur jeune âge et de leur sexe, en attirant l’attention des gouvernants et des acteurs au développement afin qu’ils offrent aux filles les moyens de se réaliser pleinement au même titre que les garçons.
Quelle est la valeur ajoutée de cette journée ?
La célébration de cette journée offre l’occasion à tous les acteurs d’évaluer ce qui est fait en lien avec un thème qui relève un défi de l’heure en termes de jouissance par les filles de leurs droits et, de jeter les bases pour les actions urgentes et futures en vue d’un réel épanouissement de la fille.
Chaque année, le 11 octobre est célébré autour d’un thème, comment se fait le choix des thèmes et quel est le thème de cette année ?
Le thème de la journée du 11 octobre est toujours choisi par l’organisation des nations unies en lien avec les défis du moment à l’épanouissement et à la promotion de la fille dans le monde, tout en laissant la latitude à chaque pays membre de l’adapter aux réalités et aux priorités nationales. Le thème retenu par les Nations Unies pour l’édition 2023 est « Investir dans les droits des filles : notre leadership et notre bien-être ».
Au plan national, le Gouvernement, tenant compte des enjeux nationaux, a voulu mettre l’accent sur le droit à l’éducation qui est la clé de tout développement tout en visant l’autonomisation des filles. Dans cette ligné, le Gouvernement a choisi de commémorer cette Journée sous le thème, « Promouvoir l’excellence chez les filles, dans les filières porteuses, c’est développer leur résilience face aux défis dans un monde en constante évolution ».
Comme vous pouvez le constater, ce thème qui vise le développement du potentiel des filles en lien avec les exigences du monde du travail actuel, est en parfaite cohérence avec la vision du chef de l’État, Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE à travers la Feuille de route gouvernementale 2020-2025. Il s’inscrit également dans la logique des objectifs 4, 5 et 8 des Objectifs de développement durable relatifs respectivement à l’éducation inclusive et de qualité, à l’égalité de genre et l’autonomisation de toutes les femmes et fille et, au plein emploi productif et le travail décent pour tous.
Vu que la célébration de la Journée Internationale de la Fille offre l’occasion de faire le point sur les avancées et relever les gaps en matière de l’épanouissement et de la promotion de la fille bref, de la jouissance de ses droits en lien avec le thème, quelle est la situation du Togo par rapport au Thème de l’édition 2023 ?
Plusieurs mesures ont été prises par le gouvernement et traduites dans les faits à travers des programmes et projets mis en œuvre en partenariat avec les autres acteurs. Il s’agit entre autres de : la réforme de 1975 qui a rendu l’éducation de base obligatoire et gratuite progressivement ; les mesures discriminatoires en faveur et des filles et des régions les plus défavorisées et, aujourd’hui, la suppression totale des frais de scolarité dans les établissements publics ainsi que des frais d’inscription aux divers examens scolaires et universitaires ; l’organisation des sessions de coaching-orientation des filles vers des séries industrielles ; la diversification des offres de formation professionnelle à travers la création de nouvelles filières et la multiplication des centres de formation sur l’ensemble du territoire ; la création des Instituts de formation en alternance pour le développement (IFAD) dans les régions ;
la formalisation de l’organisation des examens de fin de formation en vue de faire du Certificat de fin d’apprentissage (CFA), un diplôme d’État.
Toutes ces actions ont permis d’enregistrer des avancées en termes d’accès, de maintien et de choix des filières. A titre illustratif :
Au primaire :
Le taux net de scolarisation des filles est passé de 82,6% en 2020-2021 à 93,4% en 2021-2022 soit un accroissement de 10,8 points sur un an ; le taux d’achèvement des filles est passé de 85,9% à 86,5% sur la même période soit un accroissement de 0,6 point sur un an ;
Au secondaire 1 :
Le taux d’achèvement des filles est passé de 54,2% en 2020-2021 à 62,5% en 2021-2022 soit un accroissement 8,3 point sur un an ;
Au secondaire 2
Le taux d’accès des filles est passé de 26,0% en 2020-2021 à 26,8% en 2021-2022 soit un accroissement 0,8 point sur un an ;
Enseignement technique et professionnel
Le pourcentage des filles dans les filières industrielles est passé de 9,28% en 2020-2021 à 10,41% en 2022-2023 soit un accroissement de 1,13 point sur deux ans ;
Le pourcentage des filles dans les filières agro-sylvo-pastorales est passé de 19,24% en 2020-2021 à 28,57% en 2022-2023 soit un accroissement de 1,13 point sur deux ans ;
Universités publiques
La représentation des filles a atteint les 30%.
Malgré ces avancées, beaucoup reste encore à faire pour atteindre la parité surtout en termes de maintien et surtout du choix des filières pour les filles. A titre illustratif, le taux brut de scolarisation est de :
Primaire : 114 pour les filles contre 117 pour les garçons ;
Secondaire 1 : 72,9 pour les filles contre 81,25 pour les garçons ;
Secondaire 2 : 28,6 pour les filles contre 40,5 pour les garçons ;
Les résultats du BAC II, 2021-2022 indiquent que, le taux de réussite des filles est de 70,9 pour les filles contre 83,5 pour les garçons en série C, 64,22 pour les filles contre 69,52 pour les garçons en série D et 74,9 contre 73,5 pour les garçons en série A. Ceci qui prouve la disparité entre filles et garçons et la préférence des filles des séries littéraires aux dépends des séries scientifiques.
Il en n’est de même pour l’enseignement technique où les filles représentent 66,02% dans les filières tertiaires et seulement 28,57% dans les filières agro-sylvo-pastorales et 10,41% dans les filières industrielles au cours de l’année 2022-2023.
Votre mot de fin
Je saisis l’occasion pour témoigner la gratitude du gouvernement à tous les acteurs qui œuvrent pour la noble cause de la promotion de la femme et de la fille et pour l’équidé et l’égalité de genre.
J’invite les parents à éviter la discrimination dans l’éducation de leurs enfants et promouvoir l’égalité des chances et d’opportunité entre les filles et les garçons.
Pour les filles, je souhaite une bonne fête puisque cette journée leur est dédiée. Je voudrais ensuite et surtout, les inviter à avoir de l’ambition, à se référer aux services des conseillers d’orientations dans le choix des filières et à rechercher l’excellence tout le long de leurs cursus et dans toutes leurs entreprises. Enfin, je voudrais leur rappeler qu’il y a un temps pour chaque chose et les inviter à proscrire tout acte qui peut compromettre leurs études.
Mesdames et messieurs,
La célébration de cette année sera marquée par une série d’activités sur tout le territoire national. Ces activités concernent entre autres : le message de Madame la Ministre à l’occasion de la Journée ; des séances de sensibilisation dans certains établissements scolaires à Sokodé dans la région Centrale couplées d’octroi de prix à deux cent vingt 220 meilleures filles de toutes les classes du secondaire à l’exception des classes de fin de cycle ; l’apothéose le 11 octobre 2023 au cours de laquelle les cinq (05) meilleures filles au BEPC 2023 de chacune des cinq préfectures de la région Centrale soit vingt-cinq (25) au total, recevront des prix d’excellence.
Des séances de sensibilisations dans toutes les régions au tour des thèmes national et international.
Pour finir, je réitère mon appel à toutes et à tous, à nous engager davantage dans la réalisation du potentiel des filles, ce qui permet de défendre leurs droits aujourd’hui et d’assurer à notre société, un avenir plus équitable, plus prospère et épris de paix.
Vive la fille togolaise, femme et leader de demain !
Vive le Togo !
Je vous remercie.
@gapola