C’est un secret de polichinelle. Depuis quelques mois déjà, les gouvernails du Mali, du Burkina Faso et du Niger sont accidentellement tenus par des putschistes. Tombeurs des régimes démocratiques respectifs de ces trois pays, ces aventuriers, puisque très peu aguerris dans la notion de gestion politique d’un Etat, s’essaient depuis lors à la gouvernance, mais avec une légèreté bien déconcertante. Une aventure périlleuse qui non seulement suscite démobilisation dans les rangs des forces loyales, mais aussi commence par enlacer les populations de ces pays, aujourd’hui regroupés au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Lesquelles populations qui, de Bamako à Niamey en passant par Ouagadougou, n’ont que faire de souffrir, impuissantes, le martyr au quotidien.
Dures et éprouvantes réalités…
Au Niger, bien qu’ils tentent de cacher la situation par des méthodes tues, la colère gagne les Forces Armées (FAN). Dégoutées et désespérées par l’incapacité du régime à diriger efficacement le pays, et surtout à lutter contre l’insécurité et la prédation des richesses du pays, les Forces Armées du Niger se laissent envahir, au fil du temps, par la démoralisation et l’affaiblissement. Une situation désobligeante qui dessert, à bien des égards, les forces loyales et le Niger tout entier face aux groupes armés islamistes toujours à l’offensive.
L’une des résultantes immédiates de la gestion hasardeuse du pays en est l’attaque meurtrière du 25 juin 2024 à proximité de Tassia, ville située dans la région de Tillabéri. Menée par au moins 200 terroristes, cette attaque dont l’approche ressemble de fort belle manière à celle du JNIM a fait quelques 47 morts dans les rangs des soldats nigériens et plus d’une quinzaine de blessés. Cette deuxième attaque terroriste, après celle de mai 2024 qui a coûté la vie à 55 militaires à Boni, illustre l’amateurisme notoire du régime militaire à mener le combat face à JNIM qui, plutôt, semble assoir de plus en plus, sa suprématie sur la zone ouest du pays, notamment à la frontière nigéro-burkinabé.
Tout porte à croire que le renversement du Président Mohammed Bazoum en juillet dernier, loin d’en être une solution, fragilise plus et expose davantage le Niger qui se retrouve aujourd’hui à la croisée des chemins.
Que dire du Mali ? Derrière l’apparence trompeuse d’une junte qui a la situation sous contrôle, se cache malheureusement des réalités poignantes. Celles-ci lèvent un coin de voile sur le vrai visage de la junte militaire de Assimi Goita incapable de faire respecter l’ordre au Mali. Il n’y a pas de jour où les Forces Armées Maliennes (FAMA) ne subissent l’affront face aux groupes terroristes. Le mois de juin 2024 aura été particulièrement marqué par une série d’attaques terroristes. De l’explosion d’EEl à l’Est de Diabaly, et à Tessalit aux attaques de l’Etat Islamique au Grand Nord, les décomptes macabres dans les rangs des FAMA interpellent.
On se rappelle que le 23 juin dernier, un convoi des Forces Armées Maliennes qui circulait à proximité du village de Ti-n-Atassen, cercle d’Ansongo, région de Gao a été attaqué, avec pour bilan une quinzaine de soldats maliens tués. Aussi, n’est-il pas superflu de relever que le 25 juin, soit deux jours plus tard, survient à seconde descente terroriste, cette fois-ci des attaques simultanées menées sur plusieurs villages comme Sondol, Kourounde, Sogou ou Dourkoum, en périphérie Nord de Bankass, dans la Commune de Nankass (Région de Bandiagra). Des morts, des blessés et vol d’un stock de motos ont été enregistrés. Ce n’est pas tout. Le 27 juin, des hommes armés non identifiés ont incendié des camions de transport de marchandises sur la RN 16, dans le secteur de Boni, entre Douentza et Hombori, en direction de Gao. Et cela fait plus de deux semaines qu’un convoi de plusieurs camions de marchandises attendu à Gao se fait toujours désirer.
C’est dire que face à ces dures et éprouvantes réalités, l’heure est suffisamment grave. Car ajouté au désastre que vivent les FAMa, du fait de l’incapacité de la junte à gouverner le pays, les populations maliennes sont aux abois. En effet, ces pauvres populations ne se sont pas encore sauvées des affres de la flambée exorbitante des prix des produits de première nécessité qu’elles sont encore obligées de conjuguer avec les coupures intempestives du courant. Plus écœurant et hantant encore en est la fréquence des enlèvements et arrestations arbitraires.
C’est ainsi que depuis le 20 Juin dernier, une dizaine d’opposants au régime putschiste ont été arrêtés à Bamako. Ceci au seul motif qu’il n’ont reçu d’autorisation avant la tenue d’une réunion politique. Un énième acte de restriction des libertés publiques qui résulte de l’interdiction faite aux partis politiques, depuis le 11 juin 2024, de mener des activités dans le pays. Une décision inique assortie de suspension des partis politiques et associations à caractère politique.
Vers la fin d’une aventure ambiguë ?
Malheureusement, toutes ces ignominies des temps immémoriaux sont enjolivées et ventées par des activistes à l’instar de Kémi Séba. Ce dernier qui, à force de se fourvoyer éperdument dans de constipants lyrics anti-français, finit par être lui-même victime de ses propres turpitudes.
En effet, se croyant toujours dans sa bulle d’hypnotisation de la jeunesse africaine, le dirigeant d’Urgences Panafricanistes à qui la France venait de retirer, à raison, sa nationalité avait encore rendez-vous d’endoctrinement avec la jeunesse burkinabé pour un meeting, le 15 juin dernier, à Ouagadougou. Malheureusement, grande a été sa tristesse, car l’éléphant tant annoncé était arrivé avec un pied cassé.
Le meeting qu’il entendait animer avec son bras droit Hery Djehuty, a fait flop. La consciente jeunesse burkinabé a boycotté le meeting, avec une salle qui n’avait mobilisé que Kémi Seba qui a auparavant critiqué la présence du drapeau russe dans les manifestations, son acolyte et quelques-uns de ses affidés encore en état d’apathie. Cet échec du panafricaniste clair-obscur vient s’ajouter à ceux déjà subis à Agadez, Zinder et à Niamey au Niger quand, face à la faible mobilisation des populations locales, s’était vu contraint d’annuler ses conférences.
Visiblement et plus que jamais, face à l’incapacité des juntes à gouverner et à lutter efficacement contre le terrorisme, les populations du Mali, du Niger et du Burkina Faso s’éveillent. Leur jeunesse sort de l’apathie et des manipulations d’esprit. Sans doute, les indicateurs de la fin d’une aventure ambiguë, sous le sceau d’un panafricanisme de pacotille.